Kwame Nkrumah est né en 1909 en « Côte-de-l’Or », nom donné par l’Empire britannique au Ghana. En dépit de son origine sociale modeste, Kwame Nkrumah bénéficie d’une scolarisation pourtant payante et essentiellement destinée aux enfants des notables traditionnels, celle-ci devant permettre à l’administration coloniale britannique de s’appuyer sur une classe privilégiée d’indigènes dont seraient extraits ses agents locaux. Après avoir suivi ses premières années d’études chez les jésuites, Nkrumah devient à 17 ans moniteur-élève et est remarqué par un inspecteur qui l’envoie poursuivre ses études dans la banlieue d’Accra. En 1935, quelques années après sa sortie de l’université, il peut embarquer pour les États-Unis afin de compléter ses études à l’université de Lincoln. Après avoir multiplié les petits boulots parallèlement à ses études (il décrit sa vie aux États-Unis comme des « années de misère »), il obtient une licence en économie et en sociologie en 1939[1].Il est également membre d’une association d’étudiants africains qu’il contribue à transformer en Association des étudiants africains des États-Unis et du Canada et en est le président entre 1942 et 1945. Le journal de l’association se fait le relais des idées panafricaines. Nkrumah s’intéresse en effet aux questions du colonialisme et de l’impérialisme. Si la lecture de Marx et Lénine l’impressionne car, dit-il, « j’avais la certitude qu’ils avaient développé une philosophie de caractère à résoudre ses problèmes », il est principalement intéressé par les théories du « Retour en Afrique » et de « l’Afrique aux Africains » de Marcus Garvey. Toutefois, il rejette le concept de « pureté de la race noire » avancé par Garvey et sa rencontre avec W. E. B. Du Bois, lors d’une conférence de la NAACP (organisation dirigée par Du Bois) à laquelle Nkrumah participe en tant que représentant de la Cote-de-l’Or, représente également une influence décisive[1].Peu avant de quitter les États-Unis pour la Grande-Bretagne, où doit se tenir le congrès panafricain de 1945, il rédige la brochure Vers la libération nationale dans laquelle il développe son analyse du colonialisme : celui-ci est décrit comme conséquence des besoins du capitalisme d’accéder à des matières premières au moindre coût, de disposer d’une main d’œuvre bon marché et d’écouler ses surproductions. Les discours sur la mission civilisatrice et sur l’éducation des indigènes ne sont pour lui que des prétextes pour dissimuler la réalité du colonialisme. À Londres, il adhère au syndicat des étudiants d’Afrique occidentale (la WASU) et entreprend brièvement d’étudier le droit mais se trouve rapidement absorbé par ses activités politiques. Il est co-rédacteur, avec le militant communiste George Padmore, de la déclaration finale du congrès panafricain de Manchester.
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