Le continent africain subit quotidiennement des piratages informatiques. Et comme c’est le cas pour toutes les régions du monde, la cybercriminalité est nuisible au développement économique. Le Cyber Africa Forum se penche sur ce fléau, le 7 juin prochain, à Abidjan.

En Afrique comme ailleurs, des organisations criminelles ou des entités para-étatiques multiplient les attaques informatiques contre les infrastructures numériques critiques de nombreux pays. Des cyberflibustiers sans vergogne profitent de l’épidémie de Covid-19 pour rançonner des établissements hospitaliers déjà fragilisés par la crise sanitaire ou piratent des institutions financières.

C’est pour endiguer ce fléau que le Forum international de la cybersécurité donne rendez-vous aux acteurs et experts de la cybersécurité africains et internationaux à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le 7 juin prochain. L’événement est placé sous le haut patronage de Roger Adom, ministre de l’Économie numérique de la République de Côte d’Ivoire et soutenu, entre autres, par la Cédéao. Il réunit à la fois des décideurs politiques, des délégués de grands groupes bancaires ou des télécommunications, des experts en cyberdéfense et des représentants de la société civile. 

Des préjudices financiers importants

Ces rencontres ont pour objectif d’inscrire les menaces cyber au cœur des problématiques de développement. Cela représente un enjeu énorme pour toute l’Afrique, qui doit préserver et protéger une émergence économique portée de longue date par le numérique et que partagent la plupart des pays africains, précise Franck Kié, expert et consultant sur les questions de cybergouvernance et organisateur de l’événement : « La plupart des menaces profitent de la méconnaissance du problème et, donc, des faiblesses humaines. Une des premières solutions est la sensibilisation du public pour que le plus grand nombre soit au courant de ces risques qui pèsent sur l’ensemble des systèmes économiques africains. Aujourd’hui, on parle de 1 000 milliards de dollars de préjudices financiers imputables à la cybercriminalité au niveau mondial et de 4 milliards de dollars de pertes pour l’Afrique avec ces attaques informatiques qui sont devenues de plus en plus sophistiquées. »

Entre janvier et août 2020, 28 millions d’attaques informatiques sophistiquées ont été lancées à travers le continent. La plupart sont parvenues à leur fin. Parmi les cibles de prédilection des pirates, les institutions financières, victimes à 85% de ces attaques, puis les bases de données gouvernementales et enfin les enseignes du commerce électronique qui ont permis à l’ensemble des pays africains de développer une économie numérique en pleine expansion.

Quels moyens ?

« Nos États doivent donc mettre en place, très rapidement, les structures de gouvernance pour parvenir à endiguer ce fléau quand elles n’existent pas, mettre en place des législations ou du moins les renforcer pour qu’elles soient efficaces. Mais les gouvernements en Afrique doivent aussi investir massivement dans les infrastructures et dans la formation de spécialistes en systèmes d’information. Aujourd’hui, on estime à 3,5 millions de personnes qualifiées en cybersécurité dans le monde. En Afrique, ces professionnels ne sont qu’environ 10 000. Cela représente un vrai fossé qu’il faut désormais combler pour se donner les moyens de lutte contre la cybercriminalité », estime Franck Kié.