Docteur Beugre :  » L’avenir de la femme africaine sera la pertinence de l’avenir qu’elle se saura souhaiter ».

A l’occasion de la journée internationale de la femme, des voix de femmes s’élèvent pour apprécier ce

moment. Docteur Beugre Konan Sidonie présidente fondatrice d’une Ong spécialisée dans les questions

féminines n’a pas dérogé à la règle. Ici elle a défini la place de la femme dans la société, a communiqué

sur l’avenir de la femme africaine, et s’est attardé sur le phénomène des femmes qui  » se vendent  » pour

avoir une place au soleil. Pour finir, Docteur Beugre a émis ses souhaits pour la femme en Afrique.

 » La Journée internationale de la femme, comme démocratie, est un héritage colonial pour l’Africain.

C’est après plusieurs années de lutte que les femmes en Europe ont obtenu cette journée.

La femme Africaine connait-elle la véritable signification et la symbolique de cette journée ?

Soit-elle ce que cette journée représente pour elle, en termes de droits et avantages sociaux ?

On pourrait éventuellement se poser la question de savoir, si pour la femme Africaine, cette journée

internationale est juste un slogan, une fête ou une réalité. Un moment de réflexion sur soi, sur son

devenir en tant que femme dans cette Afrique où la pauvreté, les difficultés et les autres calamités

endémiques constituent pour elle, des obstacles à son épanouissement en tant qu’Africaine, mais

spécifiquement en tant que femme. En Côte-d’Ivoire, la femme n’est pas encore à la place qui lui

convient, car chez elle-même, la prise de conscience et la confiance en soi, lui manque cruellement.

Des journées solennelles comme celle du 08 mars dite la JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME,

devraient être des moments de prise de conscience, pour affirmer et raffermir sa personnalité,

sa volonté à déployer tout son être en termes de réalisation de soi et pour soi. » Docteur Beugre a

dit un mot sur l’avenir de la femme africaine : « L’avenir de la femme Africaine sera la pertinence

de l’avenir qu’elle se saura souhaiter, de celui qu’elle se sera fixé, des moyens qu’elle se sera donnés

et de la manière de se réaliser. Elle seule a le pouvoir de programmer son avenir et personne ne le

fera à sa place dans cette Afrique dont le sol et le sous-sol regorgent d’immenses richesses.

En d’autres termes, si elle plante du maïs, elle en aura plein le grenier et en mangera ; mais si à

contrario elle ne plante rien, elle ne récoltera rien et restera donc dans la famine. »

L’émancipation de la femme en Afrique est elle une réalité ? Docteur Beugre a répondu :

 » Comment la femme en Afrique peut-elle être émancipée, si c’est à 60 ans que l’on cherche à la

rendre Autonome. Vous savez, les enfants ne sont pas autonomes. Seuls les adultes le sont.

Or la femme n’est pas autonome. Donc la femme est un enfant, elle n’est pas encore adulte.

Dans la tradition africaine, la femme est considérée comme une personne à qui la société

impose beaucoup de limites sur les agissements (la prise de la parole en public), dans le but

de la canaliser, car elle est avant tout, épouse d’un homme. Or l’homme, dans l’exercice de

son pouvoir, considère la femme comme faisant partie de ses biens à protéger, à préserver

et à contrôler. La femme a donc été tellement limitée et contrôlée dans nos sociétés, qu’elle

a fini par penser que son existence est synonyme de limites et de barrières à telle enseigne

qu’elle doit toujours attendre que l’on lui vienne en aide pour se réaliser. Pour certaines

femmes, l’objectif de vie est de se trouver un homme pour se réaliser à tout prix et non à

créer leur propre entreprise. Malheureusement, c’est le conseil que donnent certaines

mères et grands-mères à leurs progénitures. Comment alors, avec de telles mentalités,

la prise de conscience de soi qui est synonyme de l’affirmation de soi et de l’entrepreneuriat,

peut-elle être possible ?’ Continuant, docteur Beugre s’est penché sur le cas des femmes qui

 » se vendent  » pour  » percer  » dans la société :  » Nous ne devons pas juger les femmes qui

vendent leur corps, car voyez-vous ? Ce sont de pauvres filles ou femmes qui pensent qu’elles

n’ont d’atouts que la beauté de leur corps. C’est pourquoi elles le vendent pour subvenir à

leurs besoins. Nous n’avons pas à juger leurs actes de bien ou de mal. Mais à nous poser la

question de savoir que leur proposons-nous de nouveau et de meilleur pour donner un sens

à leur vie et subvenir à leurs besoins. Si nous-mêmes, nous souffrons et que nous n’avons rien

de concret à leur proposer, donnons-leur des conseils pour leur faire prendre conscience et

leur éviter de détruire leur vie, en pratiquant ces métiers. Quelle que soit la réussite dans cette

voie, elle ne conduit pas au bien et à l’honneur de la femme et de la société. C’est pourquoi, dans

notre organisation, nous aidons la femme ou la jeune fille à se fixer des objectifs en ne comptant que

sur ses propres capacités, ses potentiels et non sur la vente de son corps. Notre souhait le plus ardent

est que la femme Africaine ose travailler, pour réveiller le potentiel qui sommeille en elle, car l’Afrique

a besoin de ses mères, de ses femmes et de ses filles pour son plein épanouissement et c’est ensemble,

hommes et femmes que nous relèverons la dignité de notre continent et de l’humanité toute entière. « 

Mienmo