A l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance a Kpouebo,
département de Toumodi, nous avons rencontre un cadre du Bélier
natif du village de Moronou dépendant de la sous-préfecture de
Kpouebo. Simplice Konan. Il est le Directeur de Cabinet du Ministre
d’État Jeannot Ahoussou et Président de la Mutuelle de
Développement de Moronou. Il s’est prêté à nos préoccupations.
C’était le jeudi 7 août dernier en sa résidence de Moronou.
Quelles différences faites vous entre les célébrations de la fête
nationale des années juste après la proclamation de l’indépendance
en 1960 et celle de 2025 ?
Objectivement, je ne peux pas dire que j’ai connu les célébrations des
années 70-80 comme je vis celles des années 2000 et 2025. La raison
c’est qu’en 1970, je n’étais qu’un enfant et en 1980, un adolescent.
Mais de ce que j’ai pu lire et entendre des témoignages de certains
ainés, on peut dire qu’il y a eu une évolution considérable. En effet, la
nature des célébrations, les messages et thèmes développés,
l’implication du gouvernement et de la société civile, les célébrations
de cette fête par notre diaspora, à l’étranger, pourraient constituer
des éléments de différenciation fondamentale. Dans les années 70, la
fête de l’indépendance se faisait de façon tournante. Elle était
principalement centrée sur les discours officiels, les défilés militaires
géants et les festivités populaires mettaient en avant la fierté
nationale et l’unité du pays. En 2025, les célébrations sont plus
diversifiées et totalement décentralisées. Chaque Région,
département, chef-lieu de Sous-préfecture organise à son niveau
les festivités avec des événements culturels, des concerts, des
activités sociales de salubrité, de planting d’arbres, de dépistage
de certaines pathologies qui impliquent une approche plus inclusive
et festive.- Dans le passé, les célébrations mettaient souvent l’accent
sur la lutte pour l’indépendance et la construction de la nation.
Aujourd’hui, les thèmes sont plus variés, incluant la paix, l’unité
nationale, le développement économique et social, ainsi que la
reconnaissance des héros de l’indépendance. Les gouvernements
actuels mettent en place des programmes sociaux et économiques
pour marquer l’occasion, tels que des grâces présidentielles, des
primes pour les fonctionnaires et les retraités du secteur public et des
initiatives pour lutter contre la vie chère. La société civile est
également plus impliquée, avec des événements culturels et des
activités de sensibilisation organisés par diverses organisations. Les
communautés de la diaspora ivoirienne jouent également un rôle
important dans les célébrations de l’indépendance, organisant des
événements culturels et des rassemblements pour marquer
l’occasion. Quel bilan pouvons nous retenir de votre gestion de la
mutuelle de développement de Moronou. Pouvez vous nous citer
des exemples et revenir sur l’historique de la mutuelle?
Je suis à la tête de la Mutuelle pour le Développement Économique et
Social de Moronou depuis 2008, par la volonté de toutes les couches
socio-professionnelles et toutes les tendances politiques. Tous les
enfants de Moronou unis comme un seul ont décidé de me confier cet
important instrument pour booster le développement de notre village.
En effet, après la réalisation des premières infrastructures socio-
économiques de base réalisées en 1956, pour le dispensaire rural,
1958 pour l’ecole primaire et 1996 pour la connexion au réseau
électrique, notre village avait de la peine à réaliser d’autres
infrastructures importantes, faute d’union véritable entre les cadres et
d’un leadership affirmé. A cette époque (2008), de ma position de
simple cadre du village, j’avais commencé à faire d’importantes
réalisations personnelles ou familiales. Là où certains cadres
prétextaient la présence de sorciers, pour ne pas se rendre au village,
moi j’exhortais les jeunes, cadres, élèves et étudiants à se rendre au
village et à y organiser des activités pour booster la visibilité de cette
bourgade. C’est au vu de tout ceci que les parents ont unanimement
décidé de me porter à la tête de la Mutuelle. Depuis que je suis là, je
m’attèle à créer l’union, la cohésion et la solidarité entre tous les
enfants du village. Conséquence : nous parlons tous le meme langage
et regardons toujours dans la même direction. Notre objectif étant le
développement de notre village à travers la mise en place de diverses
autres infrastructures socio-économiques. Aujourd’hui, notre village
dispose d’un centre de santé rural avec 2 infirmiers et 2 sage-femmes;
un centre de nutrition ; 3 écoles primaires de 6 classes chacune. Une
4ème École est en construction pour prendre en charge tous les
enfants en âge de scolarisation. Nous disposons d’un Foyer de jeunes
de plus de 300 places construit à ma demande, par le Ministère en
charge de la solidarité, alors dirigé par Madame la Ministre Mariatou
Koné (à qui je réitère toute la gratitude des populations de Moronou).
Nous bénéficions depuis décembre 2019 de l’adduction en eau
potable grâce à un forage et un chateau d’eau de 50 mètres cubes. Un
collège de proximité à base 2 a été construit par l’Etat à travers le
projet C2D , facilitant ainsi la tâche des élèves et de leurs parents. À la
rentrée prochaine, ce collège ouvrira ses 2 premières classes de 3ème.
Plusieurs actions dans les domaines de la santé, de l’éducation
nationale ont été organisées sous notre houlette. Toutes ces choses
m’ont valu la reconnaissance de madame le sous-préfet de Kpouèbo
en me décernant au cours de la fête de l’indépendance de cette
année 2025, la médaille du « meilleur agent de développement local »
de la sous-préfecture de Kpouèbo au titre de l’année 2024-2025.
3/ A Moronou, vieux, jeunes, femmes et enfants ne jurent que par
Simplice Konan. Dites nous dir cab, comment vous expliquer cette
grande popularite au sein des votres? C’est à croire que vous êtes le
seul cadre. Dites nous tout.
(Rires)
Non, je ne suis pas le seul cadre du village. J’ai avec moi de nombreux
frères et sœurs qui m’accompagnent et m’orientent dans toutes les
actions que nous posons. Ils savent se soustraire pour laisser émerge
mon leadership vu qu’ils sont convaincus que je réponds
favorablement à leurs préoccupations et inquiétudes. Mais pour
expliquer un peu, ce que vous appelez popularité, il faudra retourner
dans mon histoire personnelle. Je suis issu de toutes les 4 grandes
familles du village de par mon père et ma mère. J’ai grandi dans ce
village, y ai fait mes premiers pas d’écolier. Admis au collège, je
revenais pendant toutes les vacances au village et, en compagnie
d’autres frères et sœurs nous organisions des activités récréatives et
de salubrité. Nous avons donc été très tôt adoptés par l’ensemble des
habitants du village. Personnellement, j’ai un amour profond pour le
développement de mon village et pour le bien-être de nos parents. Et
je pense que les parents me le rendent bien. C’est ce que vous appelez
« popularité « . (Rires).
4/ Quel message pouvez vous donner a vos parents de Moronou vis a
vis de l’actuel climat socio politique tendu dans notre pays?
Je demande à mes parents de demeurer focus sur notre objectif
commun : le développement du village et l’épanouissement des
populations. Les querelles des politiciens ne doivent en aucun cas
les détourner de cet objectif. Nous devons vivre comme nous avions
l’habitude de le faire, dans la paix, l’union et la solidarité. Sans paix,
aucun développement durable ne peut s’opérer. C’est bien parce que
notre pays connaît depuis ces 14 dernières années, une accalmie sur
les fronts politiques et sociaux que nous avons pu bénéficier de tous
les ouvrages que j’ai énumérés plus haut. Il faut donc que nous
œuvrions à consolider cette paix. C’est ce message que je porte à mes
parents, chaque fois que j’ai l’occasion de les rencontrer.
Pour la fin, j’ai des mots de remerciements et de gratitude vis à vis
des plus hautes autorités de notre pays, en l’occurence, SEM Alassane
Ouattara, Président de la République et Chef de l’État, à l’endroit des
cadres et des populations du village pour l’amour et les bénédictions
qu’ils prononcent à mon endroit à longueur de journee.
Mienmo