Comme à son habitude, le président de l’Ong ALERTE CONFLIT Frédéric Tanoh Niangoin s’est prononcé sur une question brûlante de l’actualité politique ivoirienne. Ici dans une interview qu’il nous a accordée, il indique que le président Alassane Ouattara s’est fragilisé en lésinant sur la réconciliation. C’était le mardi 23 août au siège de son Ong à Toumodi

La crise ivoiro-malienne née de l’arrestation en terre malienne depuis le 10 juillet 2022 de 49 militaires Ivoiriens inculpés pour divers chefs d’accusation et placés sous mandat de dépôt, semble s’enliser. Les Ivoiriens commencent à perdre patience ; le ton monte, une partie du corps social brouillonne et des actes de représailles ont même été déjà posés et d’autres sont même en cours, malgré les appels au calme et à la retenue lancés par les Gouvernants et des organisations de la Société Civile.Que devra-t-on, selon vous, faire de part et d’autre pour éviter l’escalade et que préconisez-vous surtout comme solution idoine pour le règlement de cette crise ?

A ce stade précis de l’affaire des 49 soldats détenus au Mali sous de graves chefs d’accusation dont les éléments de preuves irréfutables sont encore attendus, on ne devrait plus parler de crise car les Autorités Maliennes et Ivoiriennes sont bel et bien dans un conflit relationnel ouvert aux contours encore flous dont l’issue donnera forcement un gagnant et un perdant, du fait de sa Juridiction engagée par l’une des parties notamment le Mali. Ce qui reste à sauvegarder à tout prix ce sont les relations fraternelles entre les peuples Ivoiriens et Maliens qui, quoique plus ou moins solidaires par principe de leurs dirigeants respectifs, devront éviter de s’affronter, d’une manière ou d’une autre. Ce conflit qui, bien analysé, résulte de positions politiques circonstancielles implique tellement d’acteurs que, selon nous, la solution idoine pour son règlement est un procès ouvert et internationalisé, au cours duquel la Côte d’Ivoire, notre pays, gravement accusée et humiliée devra se donner les moyens de sa défense afin de se blanchir et rehausser son image ternie de pays déstabilisateur.

Ne pensez-vous pas qu’un procès entre le Mali et la Côte d’Ivoire serait un précédent fâcheux et pourrait avoir de graves conséquences morales, aussi bien pour le Mali que la Côte d’Ivoire ?

Écoutez, la détention en prison au Mali de 49 de nos soldats, qu’elles que soient les raisons, est déjà un précédent fâcheux. Et, puisque les voies diplomatiques prévues pour soigner les relations entre les deux État voisins et frères n’ont pas de chance de prospérer, il convient de trouver d’autres mécanismes qui permettent d’éviter les affrontements inutiles. Et pour nous la voie Judiciaire semble la meilleure.

N’avez-vous pas le sentiment que ce que vous préférez qualifier de conflit Ivoiro-malien met la Côte d’Ivoire à l’épreuve de sa Cohésion nationale, eu égard à l’attitude observée chez certains concitoyens ivoiriens ? Avez-vous des recommandations ?

C’est hélas une triste réalité. Nous avons effectivement le sentiment que des Ivoiriens ne se sentent nullement concernés par cette Affaire. Ce que nous observons peut être certainement la conséquence de la Gouvernance du Président Ouattara jugée autocratique par beaucoup d’Ivoiriens, notamment ceux de l’opposition Politique. Si tel est le cas, nous pouvons dire alors que le Président Ouattara s’est fragilisé en lésinant sur la réconciliation, par une gestion a minima de la fracture sociale pourtant très profonde. La leçon à tirer de tout cela est que la Cohésion Nationale ne s’obtient pas par des incantations. Elle est le fruit d’équité, de justice et surtout de tolérance et de pardon. La principale recommandation que nous ne cesserons de faire est qu’il faut une catharsis nationale pour expurger toutes les rancœurs. Celle-ci devra être suivie d’un acte de contrition générale de tous les acteurs Politiques Ivoiriens, afin de faire table rase du passé et de repartir sur de nouvelles basses, par ce qu’aucun de nos leaders Politiques n’est exempte de reproches dans la fracture sociale actuelle qui résulte sans aucun toute d’un communautarisme exacerbé et d’une insuffisance de culture démocratique.

Mienmo