Nous avons interrogé le lundi 7 novembre monsieur Frédéric Tanoh Niangoin expert consultant en gestion des conflits et paix également fils et cadre de Toumodikro et président de l’Ong ALERTE CONFLIT dont le siège social est à Toumodi. Dans cet entretien il rassure d’abord que le pardon et la réconciliation obtenus le 30 octobre 2022 dernier à Toumodikro sont irrévocables et lance ensuite un appel à toutes les bonnes volontés pour aider à régler dans l’objectivité, la vérité et la justice les problèmes qui minent le village et divisent les cadres

La récente rencontre de réconciliation entre les grandes communautés d’allochtones et d’allogènes originaires du Nord de la Côte d’Ivoire, d’une part et le village-quartier de Toumodikro d’autre part, a révélé au grand jour des dissensions entre des fils et filles de ce village-quartier qui a donné naissance à la ville devenue chef-lieu du département de Toumodi.

Ces divisions qui paraissent très profondes ne risquent-elles pas de constituer un nœud dans la réconciliation obtenue sur le sol de Toumodikro le dimanche 30 octobre 2022, suite au grave conflit meurtrier politico-communautaire lié à l’élection présidentielle du 31 octobre 2022 ? 

Merci de me donner l’opportunité de me prononcer sur des sujets très importants, notamment la rencontre du 30 octobre 2022 pour le Pardon et la Réconciliation, à laquelle une bonne partie de la population du village de Toumodikro n’avait pas pris part, et surtout de parler des différends qui existent entre certains fils et filles de ce village.

Pour ce qui concerne le Pardon et la Réconciliation obtenus sur le sol de Toumodikro, il est certain qu’ils répondent à l’attente de tous, y compris tous ceux qui n’étaient pas à cette rencontre du 30 octobre 2022, en l’occurrence le chef du village de Toumodikro, Nanan KONAN N’guessan, ses conseillers spéciaux dont moi-même, ses notables, ainsi que la très grande majorité de la Population du village dont- les derniers desiderata n’ont pas été pris en compte par le comité de Médiation présidé par le Ministre Patrice KOUAMÉ, ancien Secrétaire Exécutif du Conseil de l’Entente. Il convient cependant de souligner que les actes que nous avons posés et les actions que nous avons menées discrètement au niveau de la chefferie du village de Toumodikro ont contribué à disposer depuis longtemps les esprits au Pardon et à la Réconciliation, relativement au conflit politico-communautaire des 30 octobre et 1er mai 2020.

Quant au conflit latent de chefferie et les querelles intestines qui minent le village de Toumodikro et divisent ses cadres depuis une dizaine d’années pratiquement, l’apport de tous les hommes épris d’objectivité, de vérité et de justice est nécessaire pour la recherche de solutions salutaires pour le village.        

Quoi qu’il en soit, les mésententes entre des cadres de Toumodikro ne sauraient impacter négativement les relations de fraternité rétablies entre les allochtones et Allogènes originaires du Nord qu’un conflit relationnel et conjoncturel a opposé aux autochtones baoulés.    

Quel ont été concrètement les actes posés et les actions menées par le chef du village Nanan KONAN N’guessan et ses Conseillers spéciaux qui ont pu aider à disposer les esprits au Pardon et à la réconciliation ? Pouvez-vous d’autre part nous donner quelques raisons fondamentales des querelles intestines qui minent le village Toumodikro et divisent ses cadres ?

Face à une razzia inédite et traumatisante que les populations de Toumodikro venaient de subir, avec des habitations incendiées ou détruites, des personnes brûlées vives dans leur maison, des blessés à l’arme à feu et à l’arme blanche, des hommes et femmes désemparées et meurtries, il fallait assez rapidement appeler au calme et à la retenue, rassembler les victimes et apaiser les esprits avec empathie.

C’est ce que le Préfet de Région, Préfet du département de Toumodi a décidé de faire dès le 15 novembre 2020, soit deux semaines après la survenue des évènements.

Malheureusement, pendant que le chef du village Nanan KONAN N’guessan, ses conseillers spéciaux et ses notables qui, malgré leur douleur et leur peine morale, appelaient à soutenir l’initiative du Préfet en mobilisant la population du village pour l’accueillir, d’autres personnes, pour des raisons qui leur étaient propres, œuvraient au boycott de cette rencontre pourtant salutaire, organisée à la place Gabriel TIACOH.

De même, le 25 novembre 2020, soit 10 jours après, le chef du village, ses proches et la population ont accueilli au même lieu les chefs des villages environnants et bien d’autres villages ayant des affinités particulières avec Toumodikro, venus apporter leur soutien moral et leur compassion.

Les échanges qui ont eu lieu ont permis d’avoir des orientations pour les dispositions pratiques à prendre en vue de la purification traditionnelle du village de Toumodikro. 

Ce sont également le chef du village et ses conseillers qui ont bravé les réticences et menaces de tous ordres pour accueillir le Président du SENAT le vénérable AHOUSSOU Jeannot, absent du pays au moment des faits, venu visiter les sinistrés, les familles endeuillées et les populations de Toumodikro, accompagné de tous les Préfets de département de la Région du Bélier et de bien d’autres personnalités.

 Il faut aussi noter que c’est suite à divers contacts et rencontres avec différentes entités, communautés et personnalités, notamment la communauté, Djimini/Tagbana, leurs Imans, des jeunes de Dioulakro, le Maire KONE Idrissa que, dans un souci de Paix et de vivre ensemble, j’ai indiqué la voix à suivre pour aboutir à la mobilisation des sages de Lomo Sud et de Ouaouakro, aux fins d’aboutir au Pardon et à la Réconciliation.

On peut tout compte fait retenir que les raisons fondamentales des querelles intestines qui minent le village de Toumodikro et divisent les cadres se résument en conflits relationnels, en conflits d’intérêts, en conflits de chefferie et en lutte pour la conservation d’une position dominante dans le village, une sorte de leadership au forceps.

Sept (07) acteurs sont donc en relief dans ces querelles intestines.

Il y a, d’une part, l’ancien Ministre ALLAH-KOUADIO Rémy qui est en conflit à la fois avec son neveu Arthur ALOCO, son cousin N’DRI KOUADIO Pierre Narcisse qu’il combat insidieusement en tout temps et en tout lieu et le chef du village Nanan KONAN N’guessan contre qui il manœuvre depuis une dizaine d’années pour son éviction, sans succès et avec moi-même qui paie le prix de mon soutien à Arthur ALOCO et au chef du village de Toumodikro.

Il y a, d’autre part, Messieurs Raphaël TIACOH et Thomas TIACOH qui, aiguillonnés par leur neveu l’ancien Ministre ALLAH-KOUADIO Rémy, sont en conflit avec moi-même, parce que je suis opposé depuis bientôt dix (10) ans à la destitution du chef du village Nanan KONAN N’guessan et leur fait ombrage pour cela.

Avec tout ce que je viens de dire, vous devinez aisément qui est en amont et en aval des querelles intestines à Toumodikro. 

Comme je l’ai déjà dit, ces querelles intestines peuvent évidemment avoir des solutions, mais dans l’objectivé, la vérité historique et la justice.

Toutes les bonnes volontés qui remplissent ces critères sont donc les bienvenues.

Mienmo