Docteur Beugre décrypte les différents termes et relève la dimension socio-culturelle de ce moment chez les

baoulé. Docteur Beugre épouse Konan Grahon Marie Thérèse Sidonie est Enseignante Chercheure,

Présidente-Fondatrice de l’ONG Organisation Solidarité pour Étudiante et Coach en Leadership Féminin. Ici,

en tant que native de Toumodi et sachant des réalités du terroir, elle nous parle de Paquinoun. C’était le jeudi

17 avril a Toumodi.  » Merci pour cette opportunité que vous nous offrez à l’effet de nous permettre de parler

d’un événement qui mobilise nos populations du centre de la Côte d’Ivoire en période de Paques. En effet,

parler de la fête de Pâques, revient pour nous, à parler de ce triptyque « Pâques, Paqui et Paquinoun ». A

l’origine, la fête chrétienne, la Pâques trouve son origine dans la Pâque juive, qui célèbre ainsi, le passage de

la Mer Rouge par les Hébreux. II convient de retenir étymologiquement, que le mot Pâque signifie le passage.

Pour les Chrétiens donc, Pâques symbolise le passage de la mort à la vie. Le dimanche de Pâques marque la

fin de la semaine sainte, pendant laquelle Jésus prend son dernier repas, où il est mis à mort le lendemain, le

Vendredi saint, puis où il ressuscite trois jours plus tard le dimanche de Pâques. En marge de cette définition

classique, il faut noter que le mot Pâques se prononce « Paqui » en Baoulé. Ainsi, le sufixe « noun » qui vient

s’ajouter à « Paqui », désigne la période où l’on fête la Pâques. Les deux mots mis ensemble donnent le mot

« Paquinoun » qui peut signifier aussi « En Pâques ». Cette période coïncide avec la fin des grands travaux en

basse côte dans les plantations, pour les planteurs, pour les jeunes (filles comme garçons) qui sont allés faire

des contrats de six mois ou plus, loin de chez eux, pour les personnes qui travaillent en ville, tels que les

Fonctionnaires et Agents de l’Etat ou tous autres travailleurs, entrepreneurs d’ici ou de la diaspora, c’est une

période propice pour revenir chez les siens. Objectifs 1: Retrouvailles et réconciliation, développement:

construction de maisons, écoles, dispensaires, adduction d’eau potable, Objectifs 2: Règlement des conflits,

pleurer les morts et participer aux obseques, faire « Yako » les dons en numéraire ou en nature pour les

défunts pendant notre absence au village. Objectifs 3: Paquinoun est aussi une occasion pour les

ressortissants d’un même village ou d’une même région, de lever les grandes cotisations pour combler

les aspects économiques qui sont la base de toutes actions de développement. Objectifs 4: Paquinoun est

également une occasion pour les enfants du même village de parler d’éducation et d’organisation des jeunes

à la culture (Chants, danses, contes, légendes) et à tout ce qui touche le côté sensible de la tradition dans

toutes ses dimensions mythique, mystique, initiatique et religieux. C’est aussi une période où l’on créé les

organisations qui participent à la vie du village (Organisation des femmes, celles des jeunes et surtout les

organisations qui tiennent toute la vie du village en termes de développement). Il est important d’ajouter que

Paquinoun est une occasion pour les villages Baoulé d’organiser des événements socioculturels et éducatifs

pour le bonheur des habitants, toutes tendances confondues qui, ayant travaillé toute une année, viennent se

défouler en familles avec les leurs. Contrairement à ce que beaucoup pensent, le retour massif chez eux et

non l’exode vers les villages Baoulé est la preuve que le Baoulé est et demeure un peuple travailleur qui sait

faire la part des choses. Distinguer les moments où se donner du plaisir des moments où passer aux choses

sérieuses, surtout quand il le faut. En « Paquinou », la Pâques les baoulé, cette ethnie qui représente

pratiquement 20% de la population ivoirienne, se retrouve pour partager les meilleurs repas arrosés des

meilleurs vins (rouge et blanc), ainsi que le « Bandji » sans oublier le « Koutoukou » (le Gin local). Les Baoulé

qui ont migré à Abidjan, dans les zones agricoles du pays ou même à l’étranger, reviennent tous dans leurs

villages pour communier fraternellement aux saveurs locales. Dans une ambiance festive et originale. Il faut

noter également qu’à ces périodes, plusieurs Baoulé invitent leurs amis pour venir partager ces moments

festifs avec eux. C’est le lieu où l’aspect socioculturel et éducatif est pris en compte. Ces moments permettent

de comprendre à quel point, le peuple Baoulé est organisé, dynamique et sympathique. Toutes choses qui

permettent d’affirmer que ce peuple est non seulement hospitalier, aimable mais aussi accueillant. Pour nous

les enfants du Centre de la Côte d’Ivoire, nous trouvons ici, une bonne occasion pour manifester notre amour

pour autrui, célébrer et renforcer l’unité nationale tant prônée et vivement souhaitée par les gouvernants de

notre pays. « 

Mienmo