Le samedi 5 mars 2022, dans un espace à Cocody, l’ex-président de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire, Traoré Moussa (MT), s’est invité dans le vieux débat qui entoure l’encadrement technique des Eléphants footballeurs : technicien local ou expatrié ? Pour le supporter des Eléphants qu’est Traoré Moussa, il faut rompre avec les entraîneurs expatriés à la tête de la Team orange, blanc, vert. « La Can 2021 vient de s’achever au Cameroun avec l’élimination de mon pays, la Côte d’Ivoire en 8ème de finale. Avant cela, nous avons été lamentablement éliminés de la prochaine Coupe du monde qui se jouera au Qatar. Quand je jette un regard dans le rétroviseur, je me rends compte que durant ces dernières années, notre équipe nationale a vu défiler à sa tête plusieurs techniciens. Je me rends compte que nous ne nous inscrivons pas dans la durée. Nous sommes pressés et nous voulons tout de suite des résultats avec des entraineurs clé en main, capable de nous procurer ici et maintenant le graal. Quelle erreur grossière ! », dépeint-il. Et d’ajouter que « quand j’observe la valse des coaches, je réalise que quelques locaux et un grand nombre d’expatriés ont conduit les Eléphants. En termes de résultats, le bilan détaillé donne ceci. Depuis la mise sur pied de l’équipe nationale de football en 1960, elle a connu 36 sélectionneurs. Ce sont 21 techniciens expatriés dont 2 sont revenus à 2 reprises. 12 sont issus de la France, 3 de l’Allemagne, 2 du Brésil, 1 de la Pologne, 1 de la Bosnie-Herzégovine, 1 de la Suède, 1 de la Belgique. 10 sont issus de la Côte d’Ivoire. Sur les 10 Ivoiriens, Yéo Martial a remporté la CAN en 1992 ; Kamara Ibrahim a remporté la CAN des cadets en 2013 ; Kouadio Georges a remporté le trophée de l’UEMOA en 2008 ; Mama Ouattara, vice-champion CAN Junior en 2003. Alain Gouaméné a remporté le Tournoi de Toulon en 2010 avec l’équipe nationale espoir ». Pour MT, il est inconcevable que des expatriés émargent entre 30 à 45 millions FCFA par pour des résultats qui ne sont pas la hauteur des sacrifices financiers consentis par l’Etat de Côte d’Ivoire. « Sur les 21 expatriés. Hervé Renard a remporté une Can. Henri Michel a qualifié le pays pour la Coupe du monde 2006, en 2010 c’était Vahid et en 2014 Lamouchi. Et tous ont été incapables de franchir le premier tour. Rien que de la figuration. En conséquence de ce qui précède, je pense qu’il est temps, grand temps de penser autrement notre sport roi. Nous devons faire des projets viables qui s’inscrivent dans la durée, faire confiance à ceux des nôtres qui ont déjà la technicité, former des techniciens locaux. Nous devons nous inspirer de l’exemple sénégalais avec Aliou Cissé qui, après sept années de durs labeurs, a offert le premier titre continental aux Lions de la Teranga », souhaite Traoré Moussa. Au moment où s’achève le mandat du technicien Patrice Beaumelle à la tête des Eléphants, préconise le conférencier, il est temps d’oser courageusement un technicien local et de monter un projet sur le long et moyen terme. « Je pense particulièrement et spécialement à Kolo Touré Habib qui a été coach adjoint des Eléphants, qui est actuellement le coach adjoint d’un grand club du championnat d’Angleterre, qui a été capitaine des Eléphants, qui a remporté la coupe d’Afrique et qui a joué sur tous les grands stades du monde. Je pense à Kamara Ibrahim, qui a amené la Côte d’ivoire en ¼ quart de finale de la Can et qui a remporté une coupe en catégorie cadet. Je pense à Zahui François qui a envoyé la Côte d’Ivoire en finale d’une Can sans encaisser le moindre but. Au-delà de ceux-là, on peut envoyer des anciens footballeurs en formation. Laissons donc de côté nos petites querelles inhérentes à toute vie en communauté et pensons d’abord et avant tout à la Nation. Ouvrons grands les yeux. Autant aucun pays occidental n’a encore pris un technicien africain pour coacher son équipe nationale, je souhaite qu’on mette fin au « mercenariat » à la tête de nos équipes nationales », a terminé Traoré Moussa qui précise qu’il n’a été mis en mission par personne.

Mariette Kouame