Les élections locales à venir, les acquis de la réconciliation et de la cohésion nationale depuis la rencontre des  » 3 grands  » de la politique ivoirienne, et les différentes phases du dialogue politique ont essentiellement constitués les sujets débattus lors d’une rencontre le vendredi 9 juin entre la presse et le président de l’ONG Alerte-conflit Frédéric Tanoh – Niangoin. C’était au siège de ladite Ong à Toumodi.

Les élections municipales et régionales du 2 septembre 2023 paraissent déterminantes pour les partis et groupements politiques qui les considèrent d’ailleurs comme un test d’évaluation des forces en présence, en vue des dispositions à prendre pour les batailles futures.
Vu les tournures dramatiques que prennent les élections présidentielles en Côte d’Ivoire depuis une trentaine d’années et surtout les enjeux politiques, économiques et sociaux de celle prévue pour 2025, quelle issue entrevoyez-vous ? pour les élections locales prochaines qui se préparent dans une atmosphère d’exclusions de candidats, de fronde de l’opposition contre la Commission Électorale Indépendante (CEI) chargée de les organiser et des polémiques sur certains propos malencontreux de campagne tenus par des candidats ou militants du parti au pouvoir ?
D’autre part quel regard portez-vous sur les acquis de la réconciliation et de la Cohésion Nationale depuis la rencontre historique des ‘’3 Grands’’ de la politique ivoirienne et les différentes phases du dialogue politique ?

Ce qu’il faut souligner d’emblée c’est que le schéma qui sous-tend la lutte politique acharnée actuellement observée dégage les objectifs non voilés des partis ou groupements politiques protagonistes ; il s’agit soit de maintenir un bastion, soit d’en annexer à tout prix en vue d’assurer une hégémonie politique qui devra être consacrée par une victoire, aux élections municipales et régionales, afin de se mettre en confiance pour l’élection présidentielle de 2025.Les enjeux des élections qui se dérouleront le 2 septembre 2023 dans nos Communes et Régions vont donc au-delà du développement vu sous l’angle de réalisations structurantes dans nos localités. Ils sont de toute évidence liés à l’élection présidentielle à venir qui apparait dans le contexte ivoirien comme une opportunité d’assouvissement d’un communautarisme, d’un régionalisme, voire d’un sectarisme.
Tous les moyens pouvant être utilisés pour atteindre ce but, il faudra être d’une naïveté déconcertante ou d’un optimisme béat pour ne pas craindre des élections locales tumultueuses à l’instar de celles de 2020, si la situation observée actuellement reste en l’état. En tant qu’acteur de la société civile et observateur de la scène politique ivoirienne, ma crainte est grande vu la résurgence de certaines principales causes des crises et conflits passés, notamment le 4° mandat annoncé qui défie la Constitution actuelle comprise ou interprétée de façon égocentrique, l’exclusion de candidats, la suspicion de partialité de la CEI dont les arguments de défense sont jugés spécieux par l’opposition, ainsi que les dérives verbales dont l’incongruité est en porte-à-faux-avec l’éthique politique et la Bonne Gouvernance.
Peut-on alors honnêtement parler d’acquis de la Réconciliation et de la Cohésion Nationale quand de simples élections locales prennent l’allure de mission d’occupation et de volonté de soumission vaille que vaille de certaines localités ?
Le Ministre de la Réconciliation et de la Cohésion Nationale, KOUADIO Konan Bertin dit KKB, n’avait-il pas déclaré à une rencontre avec la Diaspora Ivoirienne aux États-Unis en octobre 2022 que : ‘’Quand nous aurons réussi à organiser des élections en 2023 et en 2025 sans violences, alors je pourrai dire que la Côte d’Ivoire est désormais réconciliée’’ ?
Comme nous le voyons donc la clé de la Réconciliation et de la Cohésion Nationale se trouve être d’abord l’organisation inclusive et consensuelle des élections locales de 2023 qui sont très déterminantes pour la présidentielle qui suivra deux ans plus tard en 2025.Vivement donc que le chef de d’État Alassane OUATTARA fasse droit aux diverses requêtes et plaidoiries en faveur de la réinscription sur la liste électorale de l’ancien Président de la République Monsieur Laurent GBAGBO et que la CEI prenne en compte les préoccupations les plus pertinentes des partis politiques de l’opposition, ainsi que celles de la société civile, afin que les élections de 2023 et 2025 soient inclusives et apaisées.
Relativement à la fronde contre la CEI une analyse objective des griefs formulés fonde à reconnaitre la pertinence de certains, particulièrement le manque de fiabilité de la liste électorale et la main mise à 99% sur les commissions électorales locales par le RHDP.
Malheureusement la position braquée de cette structure dite indépendante, chargée d’organiser les élections contribue à renforcer la suspicion de partialité et le pourrissement de la situation créée par la faiblesse de son organisation et ses tares que la compétence et l’éloquence personnelles de son président Monsieur COULIBALY-Kuibiert Ibrahime ne suffisent pas pour sauver l’image ternie. Pire, à l’atmosphère générale déjà délétère viennent de s’ajouter les polémiques sur des propos de campagne qui, de mon point de vu, auraient pu être banalisés par des répliques tout autant triviales, parce qu’il est loisible à chaque compétiteur de construire un argumentaire contradictoire pour battre en brèche toute contrevérité ou de déconstruire tout propos non républicain ou dépourvu de civisme qui a pu être tenu du fait du manque d’offres pertinentes de son auteur. De tout ce qui précède on peut donc conclure aisément que la Réconciliation et la Cohésion Nationale sont encore loin d’être actées et que la rencontre dite des ‘’3 Grands’’ peut être considérée comme un effet de communication et un espoir mille fois déçu.

Mienmo