Le 19 septembre 2002, une rébellion armée frappait la Côte d’Ivoire, plongeant le pays dans près d’une décennie de crise militaro-politique. Vingt ans plus tard, les victimes de cette crise à Bouaké, dans le centre du pays, ont-elles tourné définitivement cette page de leur vie ?

Nous sommes au grand marché de Bouaké, dans le quartier du commerce des pagnes. Assise derrière le comptoir de son magasin, Mariam Traoré évoque des souvenirs douloureux de ce 19 septembre 2002. Son époux, Ferdinand Yobo, infirmier militaire, a été violemment battu par les rebelles. Il meurt deux ans plus tard des suites de ses blessures.

Mariam a été abandonnée par sa belle-famille : « Des fois, lorsque je pense à ça, c’est un très mauvais souvenir pour moi. Ses parents ont abandonné les enfants dans ma main. Donc, ça traîne toujours, ce pardon-là ; vraiment, ce n’est pas facile, ce n’est pas facile. » Pour surmonter ces difficultés, Mariam Traoré Yobo souhaite que soit installé un centre d’écoute à Bouaké, afin de permettre aux victimes de se libérer de leur fardeau, vingt ans après ce traumatisme.

D’autres victimes ont su surmonter elles-mêmes ces chocs qu’elles ont traversés. Koné Mory est habitant d’un quartier de Bouaké : « On pardonne, mais pas facile d’oublier. Souvent, face à des situations, les images viennent. Notre souhait est que Dieu donne une autre chance à nos enfants qui sont nés dans la crise et après la crise. »

Vingt ans après le début de la crise, la ville de Bouaké s’est transformée avec la construction de plusieurs infrastructures de développement. Cependant, le plus grand défi des autorités locales est l’incivisme d’une partie de la jeunesse qui est née ou a grandi dans cette rébellion.

NK