fils et d’Arrah , précisément du village d’assale kouassikro, Georges Ahissan fait partie des jeunes cadres ivoiriens qui ont décidé de faire du social leur créneau. C’est d’ailleurs pourquoi , il ne manque de répondre favorablement aux sollicitations des associations de jeunes et femmes pour les activités de développement et du bien être. Nous l’avons rencontré pour en savoir davantage sur les motivations de ses actions en sa qualité de cadre de banque, il a également donné son point de vue sur la cherté dans les pays, que vivent les populations africaines et dont les populations ivoiriennes ne sont pas épargnées. Interview.

Fils et cadre du département d’Arrah et principalement d’Assalé Kouassikro, Vous aviez été constamment sollicité ces derniers temps par les ressortissants de votre région, jeunes et femmes de chez vous. Comment peut-on interpréter ces sollicitations ?

Merci pour la lucarne que vous m’offrez. Elle me permet plus ou moins de livrer de manière succincte la compréhension que j’ai sur certaines questions d’ordre social. Alors, c’est vrai je suis fils d’Arrah principalement d’Assalekouassikro. J’aime bien l’appellation « fils » parce que c’est ce village qui m’a vu naître. C’est vrai je n’ai pas grandi à Assalé-Kouassikro, mais j’y suis revenu en raison de mon appartenance à cette localité. J’ai été principalement attiré par certains jeunes, devenus adultes aujourd’hui. Je voudrais saluer la mémoire de KOUAME Antoine, qui a été pour moi un élément motivateur pour un retour apprécié dans mon village. Les différentes sollicitations qui sont faites ça et là pour ma part sont perçues comme un signe d’intérêt. Je pense avoir été sollicité par les jeunes ensuite par les femmes ces dernières années. Notons qu’il en a été ainsi dans les années 2010 et bien avant. Mais je prends toutes ces sollicitations comme des marques d’attention témoignées à mon égard. Pour moi il s’agit de faits naturels qu’il convient d’apprécier avec philosophie.

Faire du social, aider les autres nécessitent qu’on ait assez de moyens. Avez-vous suffisamment de   moyens pour répondre aux nombreuses sollicitations dont vous êtes   l’objet en ce moment ?

Bon ! faire du social je pense que cela fait partir de mon éducation.  Toute action est dépense : dépenses d’énergie, de temps …Effectivement accepter de parrainer appelle des ressources matérielles, des ressources financières. Cela pourrait supposer, pour beaucoup, disposer de suffisamment de ressources. On pourrait être emmené à penser ainsi. Je dis non. Cet avis est partiellement partagé. On n’est jamais assez ni nanti, ni préparé pour toutes les sollicitations. Dieu fait toute chose belle en son temps. Certains récipiendaires éprouvent le besoin de rendre public les dons qu’ils reçoivent, d’autres les accueillent à leur juste valeur. Je veux faire le choix, plutôt, de la discrétion. Ceux qui veulent rendre public un geste s’inscrivent dans la logique de leur choix que je respecte par ailleurs. Mais ceux qui n’exposent pas ce dont ils ont bénéficié font également un choix qu’il faut respecter. Pour ma part il faut imiter notre père céleste qui donne à qui il veut dans le respect de leur identité et de leur diversité. Quand la mer se meut, elle fait du bruit avec ses vagues houleuses. Quand la forêt doit se former elle germe sans faire du bruit. C’est un cadeau de Dieu. L’un est entendu l’autre est vu. En claire ai- je des moyens ? Dieu la source de vie me donne suffisamment d’énergie pour faire à autrui exactement ce que je souhaiterais que l’on me fasse. Vous payez une dîme selon votre croyance. J’en fais autant. Vous faites des actions de grâce ? Oui ou non, j’en fais très souvent. Chacun choisit la personne à qui, il lui semble convenable de donner la dîme et devant qui faire son action de grâce. Vous conviendrez avec moi que les livres saints nous invitent au partage. Ils nous invitent à l’amour. Dieu est partout, Il s’exprime à travers la jeunesse, les femmes, les hommes que nous côtoyons tous les jours et à travers aussi la nature dans laquelle nous vivons. Donc tout ce que je donne est circonscrit dans l’action de grâce. J’ai plus ou moins respecté une moitié du précepte parce que ce dont on a l’habitude de dire, donne la dîme à Dieu, d’autres diront donne ta dîme à l’homme de Dieu, mais si ma dîme est constituée et que je la donne à ceux qui en ont besoin, j’ai donné à Dieu, il est en chacun de nous. Si je la donne aux femmes qui me sollicitent, j’ai donné à Dieu. L’ensemble de tout ce que je fais est circonscrit dans le budget de ce que j’appelle mon action de grâce. 

Certaines personnes vous prêtes des ambitions politiques, Que répondez-vous ?  

  Rire. Ce sont eux qui prêtent…

Tout est politique (rire) non soyons sérieux mes ambitions ne seront pas construites par l’opinion des autres. L’homme que j’entends devenir est fabriqué par ma pensée. Retenons que je suis un employé, pour l’heure. Dieu fait toute chose belle en son temps. C’est lui qui dispose les choses, on verra la suite, mais pour l’heure ce que je peux dire à ce propos, laisser ceux qui veulent parler parler. Ceux qui veulent penser, laisser les penser, mais l’œuvre que je fais, pour moi relève de l’amour. Je la fais parce que mon cœur m’y incite. Je vous fais une confidence : Mon père, paix à son âme, le faisait aussi en son temps et pendant qu’il agonisait il m’a dit qu’il a participé de diverses manières aux réjouissances aux fêtes et également aux évènements heureux ou malheureux. Donc si j’ai la capacité de le faire, matériellement de ne pas hésiter à faire des œuvres sociales. C’est ainsi qu’on contribue au développement. Ce faisant je touche un objectif réel de la vie d’un homme : j’estime que ma présence sur terre est d’apporter de la valeur.

Evoluant dans les finances, comment expliquez-vous la cherté de la vie de plus en plus décriée par les populations ivoiriennes ?  Avez-vous une idée sur des solutions à proposer ?   

Merci, cette question est délicate. La cherté de la vie est ressentie par tous. Sans être exhaustif, Il faut dire que les raisons sont multiformes. Les raisons endogènes et exogènes. Exogènes on parlera naturellement des différentes crises internationales, on pourra bien évidemment parler de la crise Russie et Ukraine qui influence considérablement les transactions internationales, qui influence le commerce international qui pèse sur le coût des matières premières mais sur le coût des devises, sur le coût de la monnaie en un mot. L’une des véritables causes exogènes c’est naturellement les crises internationales et les différentes fluctuations des devises auxquelles nous sommes soumis. Mais en même temps l’une des raisons de la cherté de la vie provient de l’appréciation des différentes politiques, des stratégies de développement dans nos pays. Endogènes : la population, vous et moi nous avons longtemps décriés un certain phénomène : l’exode rural. On a des jeunes déscolarisés en grand nombre viennent des villages vers  des zones urbaines pour dit on se trouver une activité lucrative pour pouvoir subvenir à leurs différents besoins, du coup on réduit la capacité de productions, on a plus assez de main d’œuvre, on a de moins en moins de terres arables. Nous sommes dépendants des matières premières : essence pétrole métaux caoutchouc…etc.

On ne produit pas suffisamment pour pouvoir subvenir à notre propre besoin alimentaire. La plupart de ses denrées sont importées, mais quand tu importes des denrées, tu es tout suite soumis aux coûts extérieurs, tu es aussi soumis aux conjonctures étrangères. Donc si tu importes du riz et bien évidemment il y aura un coût d’acquisition. Dès l’instant où tu achètes en devise tu es tout de suite soumis aux fluctuations de ses différentes devises. N’oublions pas la fiscalité sur certains produits importés. La cherté de la vie c’est l’affaire de tout le monde, l’Etat y compris.  On dira que l’état a un rôle de régulateur. A ce titre il devrait orienter les politiques de développement, la stratégie et la modernisation de nos cultures pour amener la population à s’intéresser aux cultures de premières nécessités. Comme solution il va falloir sensibiliser les populations et surtout les jeunes à s’invertir dans le secteur de l’agro-industrie. Mettre en place des structures de financement pour les aider à produire afin de répondre aux exigences de l’autosuffisance d’une part.  D’autre part, tous devrions travailler à la stabilité de nos régions. Ainsi une véritable union aurait un impact significatif sur les échanges internationaux entre états membres de ladite union.        

Les jeunes sont de plus en plus appelés à l’entreprenariat pour faire face au chômage mais l’un des obstacles rencontrés sur leur chemin est   la possibilité d’accès au prêt dans les entreprises bancaires. Ne pensez-vous pas que les banques doivent alléger davantage les conditions d’octroi de crédits ? 

L’un des rôles de la banque est l’intermédiation.  Elle reçoit de l’argent auprès des personnes à capacité de financement et les redistribue sous forme de crédits aux personnes ayant un besoin de financement. Mais les crédits que la banque redistribue, elle doit pouvoir recouvrir toutes ses créances. Lorsque ses créances sont disponibles à nouveau, ils sont entretenus et lorsqu’un crédit est remboursé tout de suite la banque dégage une marge d’intérêt qu’elle peut utiliser de diverses façons. Déjà au niveau de nos institutions de crédit, je pense que les conditions sont vraiment étudiées pour que les jeunes désireux de bénéficier de crédit puisse en bénéficier. C’est juste qu’il faut une opération économique fiable, il faut bien structurer son activité et son projet pour pouvoir obtenir un financement, et enfin rembourser pour assurer la pérennité de l’activité de crédit.  

Quels conseils donnerez-vous à la jeunesse qui aspirent au bien être ?

Bon. Le bien être est voulu. D’abord je m’adresse particulièrement à la jeunesse d’Assalekouakro. Je vais leur demander de redoubler d’effort, d’avoir du cœur à l’ouvrage quand ils ont une activité qu’ils y mettent du sérieux. Il ne faut pas tout de suite voire le gain, souvent au bout de plusieurs années d’échec on a la réussite qui nous fait oublier toutes les souffrances endurées. Je leur conseille de mettre l’accent sur la formation, de s’armer de courage, cultivé l’abnégation, le sérieux. Prendre conscience de son identité culturelle et l’assumer. Travaillons plus pour le développement de nos localités à travers nos différentes associations.     

Interview réalisée par Narcisse Konan